Le génie civil et l’architecture sont deux domaines très différents, et la collaboration n’est pas toujours aisée.
Il est de bon ton de dire qu’architectes et ingénieurs sont des partenaires complémentaires. Dans la réalité des faits, c’est plutôt l’inverse.
Ne nous voilons pas la face, les architectes et les ingénieurs se perçoivent souvent comme des rivaux. Pourquoi ?
Depuis longtemps dans l’industrie, les acteurs pensaient que le rôle de l’architecte ne s’appliquait qu’à la phase de conception, tandis que le rôle de l’ingénieur commençait à la phase de construction, ce qui créait une grande entrave.
Si l’ingénieur n’était pas impliqué dans le projet dès le début, qui pourrait dire comment ce projet sera construit et quel système sera le plus approprié pour lui. Dans le même temps,
Si l’architecte n’est pas impliqué dans la phase de construction, comment s’assurer que la construction se déroule exactement comme la conception souhaite.
Pour résoudre une fois pour toutes cette ambiguïté ne faudrait-il pas un accord de bon sens ?
En fait, les deux se complètent l’un l’autre : l’architecte représente le cerveau droit avec sa créativité et son ingéniosité, tandis que l’ingénieur représente le cerveau gauche avec son sens pratique et sa capacité à construire des systèmes.
Architecte et ingénieur sont tous deux nécessaires dans chaque phase.
A l’architecte le style et l’esthétisme, son rôle par excellence ainsi que l’agencement des espaces. L’architecte apporte une vraie valeur ajoutée avec son regard pointu et exigeant sur les détails de décoration et d’aménagement
Alors que l’ingénieur prête lui attention aux performances techniques, thermiques, mécaniques, acoustiques, énergétiques, …
La planification de l’exécution, l’optimisation des coûts, les caractéristiques techniques, les calculs et l’innovation technologique.
Ce serait un plus au bénéfice des clients qui auraient systématiquement cette double expertise.
En travaillant ensemble, les architectes et les ingénieurs peuvent trouver des solutions de conception qui sont supérieures à la somme de leurs parties.
L’échange de connaissances et d’informations, en particulier aux premiers stades d’un projet, aboutit en fin de compte à de meilleurs bâtiments.
L’apport technique qu’un ingénieur peut fournir est d’autant plus utile si l’on considère l’ampleur du défi que représente l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments par exemple.
La vérité est que les ingénieurs et les architectes ont plus de choses en commun qu’ils n’en ont pas – notamment l’expertise pour évaluer et concevoir des bâtiments et fournir des espaces sûrs et fonctionnels pour travailler et vivre.
La conception architecturale et la conception structurelle n’ont aucun sens l’une sans l’autre. C’est le mariage ultime de la forme et de la fonction.
Les architectes ont besoin d’avoir une relation de travail avec les ingénieurs dans laquelle ils peuvent avoir confiance qu’ils vont faire en sorte de donner vie à la vision architecturale. Ils ont plus d’intérêts à écouter lorsque les ingénieurs les mettent en garde contre quelque chose, qu’il s’agisse d’un problème structurel, d’un problème de construction ou d’un problème de budget.
Et, oui, les ingénieurs doivent prendre conscience du talent et de la vision que les architectes apportent à la table, et utiliser les connaissances qu’ils possèdent pour créer une solution réalisable.
Toutefois, pour parvenir à cette collaboration, des pratiques de communication efficaces doivent être mises en place à différents niveaux :
- Contact personnel direct : Les réunions régulières en face à face minimisent généralement les erreurs d’interprétation du travail. Par le biais des courriels et des textos, il arrive que les deux parties aient des divergences de compréhension qui ne peuvent être corrigées que lors des réunions d’équipe.
- Respect de la discipline de l’autre : Les deux parties doivent respecter le fait qu’elles ont des expériences et des connaissances différentes et savoir que, tout au long du projet, elles intégreront ces connaissances pour maximiser l’efficacité du projet.
- Solution à options multiples : Le problème survient lorsque l’une des deux parties à une question concernant l’autre, par exemple, l’existence d’une colonne qui n’existe pas dans la conception. La partie qui est confrontée à une question ne doit pas se contenter d’une seule réponse, du type « Je dois placer cette colonne ici, quel que soit le projet », mais elle doit proposer plusieurs options de conception pour se tenir sur un terrain commun.
- Répondre aux questions par l’abstraction : La simplification permet de réduire le long chemin de l’explication. Il faut toujours s’appuyer sur des niveaux abstraits de questions et des idiomes techniques pour obtenir une réponse claire.
Sur la voie de la collaboration, la deuxième étape qui suit la « communication efficace » est le partage réussi des informations à l’aide d’outils technologiques comme le BIM.
Ce serait tellement plus intelligent que les deux corps de métiers délimitent des périmètres bien distincts. Alors pourquoi ne voit-on pas plus souvent en France ce duo gagnant ?
Pourquoi les uns pensent-ils pouvoir faire sans l’autre ?
Certains architectes pensent souvent, à tort, que l’intervention de l’ingénieur engendrera un surcoût qu’il faudra déduire de leur enveloppe. C’est mal connaître le rôle de l’ingénieur BTP dont la mission principale est d’apporter des solutions pour optimiser le pouvoir de l’argent.
La pertinence de son intervention permet de réaliser des économies qui couvrent largement ses honoraires. La moyenne est de 10 € économisés pour 1 € investi.
Les ingénieurs peuvent non seulement contribuer à la création d’une structure physique plus intéressante, mais aussi d’un projet qui tient la route sur le plan économique et durable.
Il est compréhensible que les architectes et les ingénieurs n’aiment pas se considérer comme faisant partie du problème, mais tant que les conceptions s’en tiennent à des matériaux tels que le béton, l’acier et les briques, ils y contribuent.
Peut-être le duo d’architectes et d’ingénieurs le plus célèbre de la fin du XXe siècle, Bruce Graham et Fazlur Kahn ont révolutionné la conception des tours grâce à l’expressionnisme structurel.
L’idée que la structure d’un bâtiment doit être intuitivement lisible et intégrée à son esthétique. Leur travail a coïncidé avec l’aube du modernisme – une approche qui associe fondamentalement les qualités formelles et esthétiques aux performances fonctionnelles.